La Bretagne est en crise. Cette crise frappe l'agroalimentaire : GAD, Doux, Tilly-Sabco, etc... Mais également d'autres secteurs industriels majeurs : PSA et Alcatel. La nouvelle est d'autant plus mal ressentie qu'il y a quelques mois encore, la région affichait un taux de chômage nettement plus favorable que le reste de la France.
Que s'est-il passé ? Nous avons de très belles usines en Bretagne, des ouvriers à la qualification reconnue et une vraie culture du travail. Mais pour que ces usines puissent fonctionner, faut-il encore qu'elles aient de la matière première à transformer. Il n'y a pas d'abattoir sans boeuf, volaille ou porc à transformer. Pour que nos usines soient performantes, il faut donc redonner des espaces à la production.
Sous la contrainte écologique, la production a baissé et la transformation a été renchérie. C'est le cas avec cette mesure absurde qu'est l'« écotaxe » contre laquelle j'ai voté par deux fois, sous l'ancien gouvernement comme sous le nouveau. Elle est l'exemple type de la fiscalité qui pèse d'abord sur notre production, notre travail et, à terme, sur le pouvoir d'achat. Un produit importé en Bretagne est soumis une fois à l'écotaxe alors que quelque chose produit en Bretagne y est soumis cinq ou six fois car il est transporté ici où là pour être transformé.
Que dire d'un impôt assez stupide pour se rappeler à nous à chaque fois que nous passons sous un de ces nouveaux « octrois », l'un de ces portiques fiscaux qui jalonnent nos routes. L'écotaxe, c'est plus de 40 millions d'euros ponctionnés en Bretagne tous les ans. C'est le résultat de la loi Cuvelier, du nom du ministre des Transports, votée par la majorité socialiste et promulguée le 28 mai. Voilà alors que s'ouvre le bal médiatique, une réunion de treize ministres, un Pacte d'avenir pour la Bretagne, 15 millions d'euros. Au-delà de la faiblesse du budget mobilisé, comparé aux 300 millions d'euros consacrés au plan État-Région en Lorraine pour la période 2014-2016, le gouvernement fait la preuve qu'il n'a pas compris le fond de la crise. En Bretagne, il faut « libérer les énergies ». Les Bretons feront le reste. Ils savent le faire et en ont fait la preuve. Il faut simplifier les démarches d'installations classées dans l'élevage. Alléger rapidement les charges sur le travail, éléments de distorsion de concurrence dans l'agroalimentaire. Obtenir de Bruxelles une prolongation des restitutions dans le domaine de la volaille de chair. Renforcer notre politique d'étiquetage des viandes. Enfin et surtout, décréter un moratoire immédiat sur l'écotaxe.
Voilà l'urgence. Nous ne voulons pas devenir la Lorraine de l'Ouest, avec ses ouvriers au chômage et ses machines qui rouillent dans des usines fermées. Nous devons faire bloc autour de notre économie de production qu'il faut cesser d'entraver, pour les entreprises, pour les salariés, pour les familles. Voilà la seule base possible d'un consensus breton retrouvé. Si des mesures vont dans ce sens, j'y apporterai mon soutien.